Les écosystèmes côtiers peu profonds sont parmi les plus productifs du monde. Ils se caractérisent par un fonctionnement hydrodynamique complexe, influencé simultanément par les apports d'eaux océaniques et continentales. Cette dynamique engendre une forte variabilité spatio-temporelle des conditions environnementales dans ces milieux. Cependant, cela n'entrave pas le développement d'une importante production primaire, bénéficiant des nutriments apportés par les eaux douces et marines. La richesse biologique de ces écosystèmes les rend attractifs pour le développement d'activités industrielles et récréatives, offrant ainsi plusieurs services écosystémiques directs, notamment dans les zones côtières françaises, où la Conchyliculture, en particulier l'Ostréiculture, est largement exploitée. [1]
Les huîtres, en tant qu'invertébrés marins, jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes côtiers, Ces architectes de l’environnement rendent de nombreux services écosystémiques tout en soutenant une activité économique florissante et structurante des paysages littoraux. Depuis des millions d'années, les huîtres ont contribué à la formation d'épaisses couches de roches sédimentaires, essentielles à l'équilibre planétaire et témoignant de leurs capacités biogéniques remarquables. [5]
L'huître plate, Ostrea edulis, représente l'espèce d'huître originelle française, présente sur Terre depuis 180 millions d'années. Les hommes du Néolithique, il y 5000 ans, ainsi que les Romains ont consommé ces huîtres, et elles ont été réhabilitées en France par Louis XIV et Napoléon. Actuellement, deux espèces d'huîtres coexistent en France : l'huître plate, Ostrea edulis, indigène des côtes européennes, et l'huître creuse, Crassostrea gigas, introduite il y a 50 ans pour sauver l'ostréiculture française. [4]
En effet, les producteurs d'huîtres en Bretagne et dans les Pays de la Loire font face à des défis tels que des taux de survie faibles (5 à 15%), la contrainte de l'élevage en eau profonde pour limiter l'impact des parasites, et des problèmes d'approvisionnement en naissain en termes de qualité et de quantité. [4]
Pour surmonter ces défis, une meilleure compréhension de la biologie et de la reproduction des huîtres a été nécessaire, conduisant au développement de modèles d'écophysiologie basés sur la détermination du potentiel de croissance et l'estimation des contributions des différents composants, notamment la quantité d'énergie acquise par un individu dans un environnement donné. [2]
La méthode la plus courante au vu de l’état des connaissances et des techniques modernes est l’activité de captage qui permet d’assurer l’approvisionnement en juvéniles d’huîtres creuses, C. gigas, pour de nombreux ostréiculteurs. [3] La production arcachonnaise fournit 60 à 70% des 4,5 milliards de juvéniles d’huîtres nécessaires à l’ensemble de la production annuelle française (Comité Régional Conchyliculture Arcachon Aquitaine), et représente la première nurserie d’huîtres en France et en Europe.
[5] Comme la plupart des mollusques bivalves, les huîtres présentent un cycle de vie bentho-pélagique comportant :
- Une phase larvaire libre dans la colonne d’eau (on parle de forme pélagique) d’une durée de quelques semaines ;
- Une phase benthique sessile (fixée sur le fond) le reste de leur vie.
- Elles sont hermaphrodites, soit de façon alternative au cours de leur existence pour l’huître creuse, soit de façon consécutive à chaque saison de reproduction pour l’huître plate. En revanche, elles démarrent toujours leur première reproduction par une phase mâle, on parle alors de protandrie.
- Les huîtres creuses sont dites ovipares car elles libèrent leurs gamètes dans l’eau où se fait ensuite la fécondation, alors que les huîtres plates sont vivipares !
- Ces organismes bâtisseurs dits « ingénieurs de l’écosystème » construisent donc eux-mêmes leur habitat
En France, l'ostréiculture prend diverses formes, la culture en poches sur des tables en fer étant dominante. Ce type de culture a progressivement remplacé l’ancienne culture à plat, où les huîtres étaient déposées à même le sol. Elle est maintenant majoritaire dans tous les bassins de production, à l’exception de la Méditerranée. En Méditerranée, les huîtres sont cultivées en suspendu sous forme de cordées, c’est-à-dire collées sur des filins qui descendent jusqu’à l’eau à partir de structures fixes, les tables.
Cependant, des spécificités locales importantes se manifestent en raison des particularités environnementales. C’est ainsi que les bassins de productions ostréicoles se sont peu à peu spécialisés. De manière schématique, l'ostréiculture représente environ la moitié de l'aquaculture française en tonnage et en valeur, avec des variations régionales telles que le captage à Arcachon et Marennes-Oléron, le demi-élevage en Bretagne et en Normandie, et la production locale en Méditerranée.
- [1] Programme de recherche Ifremer sur l’huitre plate https://theses.hal.science/tel-01627687/document
- [2] Modèle écophysiologique de l’huitre https://archimer.ifremer.fr/doc/00038/14892/12219.pdf
- [3] Ecologie trophique des huitres https://archimer.ifremer.fr/doc/00040/15155/
- [4] Ecologie et reproduction des huitres https://archimer.ifremer.fr/doc/00248/35932/34451.pdf
- [5] Les huitres architectes des milieux côtiers https://archimer.ifremer.fr/doc/00729/84083/89006.pdf